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Damien Capelazzi : “Artagora c’est l’art sur la place”

22 mai 2020
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© Isabelle Manzoni

Il y a plus de vingt ans maintenant que Damien Capelazzi a créé Artagora, une entreprise culturelle basée sur Lyon qui a pour vocation la transmission de l’histoire de l’art de manière philanthropique.

Pouvez-vous expliquer ce qu’est Artagora ?

Comme son nom l’indique, Artagora c’est l’art sur la place. L’idée était de monter une entreprise suite à mon doctorat en histoire de l’art et de parler de l’histoire de l’art au plus grand nombre. Aujourd’hui, c’est quelque chose d’apparemment très prisé par de nombreux publics tandis qu’il y a une vingtaine d’années, c’était une niche plus confinée. À l’époque, mon sujet de recherche me permettait de faire quelque chose de très transversal puisque je travaillais sur la représentation du corps et de son symbole dans les arts sacrés. Ce sont des sujets qui, avec le temps, ont commencé à intéresser de nouveaux publics, pas forcément croyants d’ailleurs. L’idée est donc de porter ce discours démocratisé sur la place publique tout en restant au plus près de mes sujets de recherche.

Quelles sont les différentes activités que vous proposez avec Artagora ?

Il y a trois types d’activités. Pour commencer, il y a les conférences “L’Histoire de l’art”. Ces rassemblements semblent être un peu plus populaires que les autres. C’est donc à Lyon, au Palais de la Mutualité, que je réunis le plus grand nombre de personnes, en racontant la vie d’un artiste et de son œuvre. On se donne rendez-vous onze fois par an. Pour cette saison, qui se termine comme toujours fin juin, il reste à travailler la vie et l’œuvre de Goya, de Raphaël et de Jérôme Bosch ainsi que les collections du musée du Louvre. Il y a ensuite plusieurs types d’ateliers comme le “Curriculum Vitae”, où il s’agit de développer la vie d’un artiste mais de manière beaucoup plus approfondie que lors des grosses conférences. Il y a aussi les “Territoires de l’art” dans lesquels on parle d’une région artistique et qui est souvent accompagné d’un voyage. Puis, il y a les “Clés de la Ville” qui correspondent plutôt à des collections et à l’univers d’une ville et enfin “Texto” qui traite des relations entre l’écrit et l’image, où l’on s’appuie sur des textes fondateurs d’une relation et d’une iconographie. Ces différents ateliers sont accompagnés de sorties comme “l’Intramuros” qui a pour principe de faire visiter leur propre ville aux habitants, avec une programmation autour du patrimoine lyonnais. Il y a aussi l’atelier “Comme des pierres vivantes”, où l’on s’intéresse plus à l’architecture ou à des biographies d’architectes. À partir du mois d’avril, nous commençons généralement les voyages. En ce moment, nous devrions être aux États-Unis, à Chicago et New York. On devait aussi aller en Éthiopie, à Prague, en Toscane et en Croatie cette année. Nous sommes également partis à Gênes en début de saison.

Comment et dans quelles conditions organisez-vous votre travail ?

Je travaille principalement avec deux indépendants. Il y a Céline qui se charge des publics et des relations publiques et Max qui a une formation plus artistique et qui s’occupe de la communication graphique.

© Isabelle Manzoni

Qu’est-ce qui vous passionne le plus dans votre profession ?

C’est de sentir l’unité qu’il peut y avoir parfois dans l’émotion d’un public, notamment suite aux grosses conférences. À la fin de celles-ci, je suis terrassé comme un sportif de haut niveau après un sprint. Il y a quelque chose d’un peu magique qui se produit entre mes auditeurs et moi et il est parfois difficile de ne pas être submergé par leurs émotions. D’un point de vue plus personnel, ce que j’ai découvert avec les années, c’est qu’en travaillant longtemps sur un artiste on se met à regarder le monde à travers ses yeux. C’est très étonnant de voir à quel point la peinture peut nous donner de nouvelles clés pour regarder le monde différemment.

Comment Artagora réagit-elle face à la crise du coronavirus ?

Du point de vue financier, il n’y a vraiment aucune rentrée d’argent. Les voyages sont reportés, les salles de spectacle sont fermées donc je n’ai actuellement pas d’activité. Heureusement, l’intelligence et surtout la fidélité de nos publics qui ont répondu à nos demandes d’inscription pour la saison prochaine nous permettent de tenir. Malgré les aides de l’État, l’incertitude de ne pas savoir quand on va redémarrer reste très difficile. Cette période pousse en effet au questionnement, j’ai par exemple mis en ligne pour la première fois, une conférence sur Edward Hopper. Grâce aux retours, j’ai vu que la vidéo a plu et que ça pourrait être un moyen de toucher un public plus éloigné mais la question de la rémunération reste un problème. Il y a aussi le sujet des voyages cette année, il faut que j’arrive à trouver des dates avec les agences et mon public pour pouvoir les reporter et les intercaler avec les voyages de la saison prochaine.

Auriez-vous des projets futurs à partager ?

Suite à cette réflexion quant à la crise actuelle, il y a non seulement la proposition de faire des vidéos en ligne mais on souhaiterait aussi organiser une sorte de festival autour de la marche. Chaque année, le logo de la saison change et cette année, ce sera des traces de pas. Il y aura une collaboration avec un peintre et un danseur, on va travailler sur différents sujets comme par exemple les fleurs, la marche et la lumière. On va mettre en place des marches culturelles et des marches artistiques, avec une visite d’atelier d’un artiste qui a travaillé sur des fleurs absolument magnifiques et avec un danseur qui travaille sur la bipédie et le balbutiement de la marche chez l’être humain. Bien sûr, tout ça se ferait en tout petit groupe d’environ dix personnes. Il y a donc des choses qui sont en train d’être programmées entre les vidéos et ces marches à bien organiser.

Plus d’informations sur le site internet et la Page Facebook d’Artagora. Retrouvez également la programmation de la saison prochaine ici.

Propos recueillis par Camille Venin

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